ChatGPT atrophie-t-il notre cerveau ? Mythe ou réalité ?

By Thomas GROLLEAU

La question de l’atrophie cognitive liée à ChatGPT s’impose désormais dans le débat public. Plusieurs études, dont une menée par le MIT, montrent une baisse nette de l’engagement cérébral lorsque l’on s’appuie excessivement sur l’IA. Pourtant, la plasticité du cerveau nuance fortement les risques réels.

A retenir :

• Activité cérébrale réduite selon les études neuroscientifiques
• Mémoire et pensée critique fragilisées avec usage passif
• Neuroplasticité et bonnes pratiques comme facteurs de protection
• Usage d’IA structuré = potentiel d’amélioration cognitive

ChatGPT atrophie-t-il vraiment notre cerveau ? Une interrogation devenue centrale

La question revient sans cesse lors de mes conférences : « Est-ce que ChatGPT nous rend bêtes ? ». J’ai moi-même expérimenté cette impression après plusieurs semaines d’usage intensif : phrases plus rapides, idées plus fluides… mais un souvenir beaucoup plus flou de ce que j’avais réellement produit. Selon plusieurs chercheurs du MIT, cette sensation n’est pas anodine. Leur étude montre une chute de 55 % de l’activité cérébrale lors d’une tâche d’écriture réalisée avec ChatGPT. Une donnée difficile à ignorer.

Cette interrogation touche un point sensible : notre cerveau change-t-il sous l’influence directe des outils d’intelligence artificielle ? Selon les neurosciences récentes, la réponse est nuancée, mais jamais simpliste.

Les défis cognitifs révélés par la science : mémoire, charge mentale et dépendance

L’étude du MIT est devenue une référence tant ses résultats sont frappants. Selon leurs travaux, l’usage de ChatGPT réduit la charge cognitive pertinente de 32 %. J’ai retrouvé ce comportement en observant des étudiants que j’accompagnais : leurs textes étaient plus propres, mais leur compréhension réelle du sujet avait nettement diminué.

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Une phrase extraite d’un rapport scientifique résume bien l’enjeu :

“L’IA peut court-circuiter l’encodage profond, ce mécanisme indispensable à la mémorisation durable.”

Trois effets majeurs apparaissent dans les recherches récentes :

  • Une mémoire affaiblie : 83 % des utilisateurs sont incapables de citer ce qu’ils ont écrit avec ChatGPT.
  • Une baisse de la pensée critique, relevée notamment par Microsoft auprès de 319 professionnels.
  • Une dépendance cognitive progressive, décrite par les chercheurs du MIT sous le terme de dette cognitive.

J’ai constaté ce dernier phénomène dans mon propre travail : plus j’utilisais ChatGPT sans contrainte, plus il m’était difficile de repartir d’une page blanche.

Selon d’autres analyses européennes, l’usage non encadré de l’IA homogénéise la production écrite et fait baisser la créativité collective. Cette perte de diversité intellectuelle n’est pas une simple anecdote : elle modifie la façon dont un groupe pense.

Les impacts globaux : un risque réel… mais loin d’être irréversible

Les conséquences ne se limitent pas à l’écriture. Elles touchent la manière dont nous raisonnons, dont nous retenons l’information, et même notre rapport à l’effort mental.

Selon plusieurs neuroscientifiques, l’un des effets observés ressemble à l’« effet Google » : lorsqu’une information est perçue comme immédiatement accessible, le cerveau cesse de l’encoder profondément. J’ai souvent remarqué ce comportement chez des professionnels très digitalisés : excellente efficacité immédiate, mais difficulté à mobiliser leurs connaissances sans l’outil.

Deux retours d’expérience confirment ces constats :

  1. Dans une rédaction où l’usage de l’IA était massif, les journalistes produisaient plus vite mais avaient du mal à défendre oralement leurs papiers en conférence.
  2. Dans un laboratoire d’innovation, l’équipe ayant limité l’IA dans les phases initiales a conservé une créativité nettement supérieure aux autres groupes.

Pour autant, il serait erroné de parler d’atrophie définitive. Selon les spécialistes de la plasticité cérébrale, les capacités diminuent lorsque le cerveau n’est plus sollicité… mais elles reviennent lorsqu’il est à nouveau stimulé. C’est l’un des grands atouts de notre architecture neuronale.

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Solutions et bonnes pratiques : comment utiliser ChatGPT sans s’appauvrir intellectuellement ?

Les chercheurs du MIT insistent : le problème n’est pas l’IA, mais l’usage passif de l’IA. Cette distinction est essentielle.

Selon plusieurs travaux européens, les utilisateurs encadrés obtiennent à la fois de meilleurs résultats… et conservent un niveau cognitif bien plus élevé.

Voici les principes qui permettent d’utiliser ChatGPT comme un outil d’augmentation, et non comme une béquille :

  • Toujours formuler une première idée avant de demander une aide.
  • Utiliser l’IA pour questionner, comparer, approfondir — jamais pour remplacer l’effort initial.
  • Relire et reformuler le texte produit afin de réactiver l’encodage profond.
  • Compléter ses recherches par une vérification indépendante.

Un court témoignage illustre bien ce basculement :

“Quand j’ai arrêté de laisser ChatGPT écrire à ma place et que je l’ai utilisé pour clarifier mes idées, j’ai retrouvé la sensation de réfléchir par moi-même.”

Et je l’ai vécu moi aussi : plus mes questions sont précises, plus l’outil stimule ma réflexion au lieu de l’éteindre.

Tableau : risques et protections cognitives selon le mode d’usage

Mode d’usageEffets cognitifs observésNiveau de risqueEffet sur créativité
Usage passif (fabrication de texte)Mémoire faible, dépendance, chute activité neuronaleÉlevéForte baisse
Usage guidé (consignes structurées)Engagement moyen, compréhension renforcéeModéréVariable
Usage actif (questionnement critique)Renforcement analyse, apprentissage accéléréFaibleHausse possible
Usage mixte (avec vérification humaine)Stabilisation mémoire, effort intellectuel présentFaibleBonne diversité

Vous pouvez partager vos impressions : ChatGPT stimule-t-il votre réflexion… ou la remplace-t-il parfois un peu trop ?

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