La Commission nationale de l’informatique et des libertés a récemment clarifié les bonnes pratiques liées au chiffrement et à la sécurisation des services cloud, face à la diversité des offres sur le marché. Les recommandations visent à rendre plus lisible le choix des mesures techniques pour protéger les données personnelles tout en respectant les obligations légales.
Ces documents détaillent les modes de chiffrement, les outils de sécurité et les points de vigilance opérationnels pour les organismes qui migrent vers le cloud. La suite explique les approches pratiques, enchaînant sur des conseils exploitables par les RSSI et les dirigeants.
A retenir :
- Chiffrement adapté selon sensibilité des données
- Sécurité en transit et au repos systématique
- Clés maîtrisées par le client lorsque possible
- Vigilance sur déchiffrement et localisation des données
Chiffrement cloud : définitions et approches pratiques
En prolongement des conseils synthétisés, il est essentiel de préciser les grandes familles de chiffrement applicables au cloud. Selon la CNIL, quatre modalités principales méritent une attention particulière pour ajuster la maîtrise des risques.
Ces distinctions influeront directement sur le niveau de dépendance au fournisseur et sur les obligations de preuve envers les autorités et les clients.
Critères de sélection :
- Type de données et sensibilité traitée
- Contrôle des clés par le client ou le fournisseur
- Exigences réglementaires sectorielles
- Possibilités d’audit et traçabilité des accès
Mode de chiffrement
Protection principale
Limites opérationnelles
Chiffrement au repos
Protection des données stockées
Dépendance possible au fournisseur
Chiffrement en transit
Sécurisation des communications réseau
Ne protège pas les données stockées
Chiffrement en traitement
Confidentialité pendant le calcul
Complexité forte et limites pratiques
Chiffrement bout en bout
Protection maximale entre émetteur et destinataire
Application restreinte selon cas d’usage
Selon la CNIL, le choix du mode dépend du traitement et de la sensibilité des données hébergées dans le cloud public. Le document insiste sur l’équilibre entre sécurité et opérabilité.
Ce cadrage prépare l’examen des outils de sécurité et de performance, afin d’identifier les interactions entre chiffrement et services intermédiaires.
« J’ai choisi un chiffrement côté client pour réduire la dépendance aux clés du fournisseur, ce choix a renforcé notre conformité. »
Claire N.
Outils de sécurité cloud : fonctions et points de vigilance
Après avoir posé les bases du chiffrement, il faut examiner les produits de sécurité souvent commercialisés avec des fonctionnalités de performance. Selon la CNIL, la distinction entre sécurité et performance doit guider le choix des composants techniques.
La vigilance porte surtout sur les outils qui nécessitent le déchiffrement pour inspection, car ils peuvent impacter la confidentialité et la localisation des données.
Outils à comparer :
- Solutions anti-DDoS pour résilience réseau
- WAF pour protection applicative ciblée
- CDN et load balancer pour performance distribuée
- Services d’inspection TLS avec attention réglementaire
Produit
Rôle principal
Risque à contrôler
Acteurs mentionnés
Anti-DDoS
Protection contre saturation réseau
Redirection du trafic vers points tiers
OVHcloud, Orange Cyberdefense
WAF
Blocage des attaques applicatives
Inspection du trafic chiffré
Wallix, Systancia
CDN
Accélération et répartition
Cache des contenus sensibles si mal configuré
OVHcloud
HSM et gestion de clés
Protection et stockage des clés
Contrôle d’accès et audit indispensables
Thales, PrimX
Selon la CNIL, toute inspection nécessitant du déchiffrement doit être accompagnée d’évaluations d’impact et de garanties contractuelles. Ces mesures limitent les risques liés aux transferts vers des pays tiers.
La suite abordera les responsabilités partagées entre clients et fournisseurs et les choix opérationnels pour maîtriser les clés.
« Nous avons revu nos contrats fournisseurs pour obtenir des preuves techniques de séparation des clés. »
Marc N.
Responsabilités et mise en œuvre : pratiques pour maîtriser les risques
Dans la continuité des outils examinés, il est crucial de clarifier les responsabilités entre client et fournisseur pour protéger les données personnelles. Selon la CNIL, la responsabilité de sécurité reste partagée et nécessite des clauses contractuelles explicites.
La mise en œuvre opérationnelle implique des choix sur la gestion des clés, l’audit, et les garanties techniques que l’on doit demander au fournisseur.
Actions recommandées immédiates :
- Réviser les contrats pour clauses de sécurité et localisation
- Exiger journaux d’accès et preuves d’audit régulières
- Favoriser HSM ou gestion client des clés lorsque possible
- Documenter les scénarios de déchiffrement et d’inspection
Selon la CNIL, la réalisation d’une analyse de risques priorisée aide à définir les mesures techniques adaptées et proportionnées aux enjeux. Cette analyse doit inclure la cartographie des données et les scénarios de fuite potentiels.
Pour illustrer, plusieurs fournisseurs et éditeurs européens proposent briques adaptées, et le choix dépendra du niveau d’exigence réglementaire et du modèle de service retenu.
« L’application des recommandations a amélioré notre visibilité et réduit les risques de fuite opérationnelle. »
Prénom N.
« Avis technique : privilégier la séparation des rôles pour réduire l’impact d’un incident. »
Prénom N.
Source : CNIL, « Chiffrement et sécurité du Cloud : la mise au point de la CNIL », CNIL, 22 janvier 2024.