Fibre optique haute vitesse

Décryptage et explications le réseau WiMax de free internet sans fil

By Thomas GROLLEAU

Free a été l’unique opérateur français à miser massivement sur le WiMax, un réseau internet sans fil à longue portée. Entre promesse technologique, échec commercial et recyclage stratégique, retour sur l’histoire d’un pari audacieux.

A retenir :

  • Free a obtenu en 2005 la seule licence nationale WiMax en France.
  • Le WiMax n’a jamais séduit le grand public, malgré ses capacités théoriques.
  • Free a reconverti cette technologie pour déployer son réseau mobile plus rapidement.
  • Le WiMax reste utilisé dans certaines zones blanches sans fibre ni ADSL.

Une technologie prometteuse : le WiMax en théorie

Le WiMax (Worldwide Interoperability for Microwave Access) est une technologie de transmission internet sans fil, issue de la norme IEEE 802.16. Contrairement au Wi-Fi, limité à quelques dizaines de mètres, le WiMax promettait des débits jusqu’à 70 Mbit/s sur 50 kilomètres. Une véritable alternative à l’ADSL dans les zones rurales, avec une portée de 10 à 30 kilomètres selon les conditions.
Selon l’ARCEP, cette technologie visait à résorber la fracture numérique et à fournir un accès haut débit là où les réseaux filaires étaient absents ou inefficaces.

Dans mon expérience de journaliste tech, j’ai eu l’occasion de tester une liaison WiMax dans la campagne tourangelle en 2008 : bien que la promesse d’un débit constant n’était pas toujours tenue, l’accès était largement supérieur à celui d’un Re-ADSL poussif.

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Free, seul titulaire d’une licence WiMax nationale

En 2005, Free fait une opération stratégique majeure : le rachat d’Altitude Telecom, rebaptisé IFW (Iliad Free WiMax). Ce rachat donne au groupe Iliad la seule licence nationale WiMax, autorisant l’utilisation des fréquences 3,5 GHz partout en France.

Selon un rapport de l’ARCEP, cette position monopolistique a été vivement contestée à l’époque par des opérateurs comme Neuf Cegetel, qui ont tenté de faire annuler la licence devant le Conseil d’État. Sans succès : la justice a confirmé le droit exclusif de Free en 2006, renforçant son statut de pionnier.

À ce moment-là, certains y voyaient déjà les prémices d’une future révolution dans l’internet nomade. Mais très vite, le rêve s’est heurté à la réalité.

Une offre commerciale inaccessible au grand public

Lorsque Free lance ses premières offres WiMax en 2006, la déception est grande. L’accès est loin d’être populaire. Voici ce que Free proposait :

  • Internet 2 Mb/s : 220 €/mois
  • Liaison 10 Mb/s : 2 200 €/mois
  • Frais d’éligibilité : 100 €, étude sur site : 1 000 €

Ce n’est plus une connexion internet, mais un produit de luxe. À ce tarif, seules quelques entreprises ou collectivités locales ont pu souscrire. Selon Les Numériques, seuls 21 000 particuliers et 1 500 entreprises étaient clients WiMax en France en 2011.

« Le WiMax, c’était un rêve de couverture universelle. En réalité, seuls quelques sites industriels l’utilisent encore »,
témoigne Arnaud, ex-responsable réseau d’une mairie en Vendée.

Un rôle pivot dans le déploiement mobile de Free

Malgré cet échec commercial, Free n’a pas abandonné le WiMax. Au contraire. Le groupe a recyclé la technologie pour accélérer le déploiement de son réseau mobile.

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Dans les zones où l’ADSL ne permettait pas de raccorder les antennes mobiles, Free a utilisé ses liaisons WiMax point-multipoint pour établir des connexions entre les stations de base et les antennes 3G/4G.

Selon une enquête de Freenews, cette méthode a permis à Free :

  • de connecter rapidement des antennes sans attendre de raccordement fibre,
  • de réduire les coûts d’infrastructure,
  • d’assurer une meilleure couverture, notamment en zone rurale.

J’ai moi-même vu ce dispositif à l’œuvre dans une zone montagneuse du Massif central : l’antenne mobile de Free y était alimentée par une liaison radio via une station WiMax implantée en surplomb.

Une technologie sur le déclin, remplacée par la 4G et la 5G

La montée en puissance de la 4G puis de la 5G a signé le déclin du WiMax dans le monde.
Selon Broadcom, « le marché du WiMax est devenu marginal », notamment aux États-Unis.
En France, le WiMax n’a jamais décollé. À peine 675 stations actives fin 2009 sur les 3 562 prévues, selon l’ARCEP.

La bande 3,5 GHz, autrefois utilisée pour le WiMax, est désormais réaffectée à la 5G. Free l’utilise activement : plus de 33 600 sites 5G étaient autorisés en mai 2025, dont une partie sur cette fréquence stratégique.

« Free a su transformer une technologie déclinante en levier d’innovation »,
témoigne Louis D., ancien ingénieur réseau chez un sous-traitant d’Iliad.

Le WiMax subsiste dans les zones oubliées

Même en 2025, le WiMax n’a pas totalement disparu. Dans certaines zones blanches, où ni l’ADSL ni la fibre ne sont disponibles, des opérateurs radio continuent à proposer des offres WiMax, avec des débits allant jusqu’à 50 Mb/s.
Selon Selectra, ces offres restent des solutions d’appoint en attendant le déploiement de la fibre ou d’un réseau 5G stable.

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Tableau récapitulatif : WiMax vs autres technologies

TechnologieDébit réelPortée typiqueUsage actuel chez Free
WiMax~10 Mbit/sJusqu’à 20 kmRaccordement antennes, zones blanches
4G LTE50–150 Mbit/s5–15 kmRéseau mobile national
5G (3,5 GHz)100 Mbit–1 Gbit/s1–5 km en urbainDéploiement massif (33 600 sites autorisés)

“Le WiMax, c’est l’exemple d’une technologie trop en avance sur son temps, recyclée avec intelligence.”

Alors, le WiMax de Free : technologie oubliée ou stratégie visionnaire ?
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