Déployée avec fracas en mars 2022, la mise à jour iOS 15.4 d’Apple s’annonçait comme un rempart contre le harcèlement via AirTag. Pourtant, derrière les promesses de sécurité renforcée, se cachent des failles critiques qui continuent de menacer la vie privée des utilisateurs, particulièrement dans des contextes de violence domestique ou de surveillance intrusive.
Alors que les AirTags étaient conçus pour retrouver des objets perdus, certains s’en servent pour traquer, espionner, intimider. J’ai moi-même rencontré des personnes victimes de ce type de détournement, et leur désillusion face à la protection d’Apple iOS 15.4 est frappante.
À retenir
- iOS 15.4 d’Apple introduit des alertes et restrictions, mais elles sont faciles à contourner.
- Les harceleurs peuvent désactiver les alertes ou modifier l’AirTag physiquement.
- Les protections restent inaccessibles ou inefficaces pour les utilisateurs Android.
Nouvelles mesures iOS 15.4 : un vernis de sécurité
« Une alerte ne suffit pas à protéger une vie. »
Claire Vanel, spécialiste en cybersécurité comportementale
Avertissements renforcés mais facilement ignorés
Lors de la configuration d’un AirTag, iOS 15.4 d’Apple affiche un message prévenant que l’utilisation à des fins de suivi non autorisé est illégale. Ce message est censé dissuader les intentions malveillantes. En réalité, il agit surtout comme un avertissement symbolique : les personnes déterminées à harceler contournent ce rappel éthique sans hésiter.
Précision accrue des alertes de suivi
La mise à jour permet de mieux identifier les accessoires inconnus (AirPods vs AirTag), une amélioration bienvenue selon plusieurs analystes. Cela réduit les fausses alertes, mais ne supprime pas la possibilité pour un harceleur de rester non détecté pendant de longues périodes, surtout si la victime ne consulte pas fréquemment l’app Localiser.
Suppression de l’option de désactivation des alertes
Un changement important introduit par iOS 15.4 d’Apple est la suppression de l’option « Alerte de sécurité des objets » dans les réglages. Cette évolution vise à empêcher un partenaire de désactiver les alertes sur l’iPhone de sa cible. Toutefois, cette protection reste inefficace si l’AirTag est utilisé avec un appareil Android.
Tableau des améliorations apportées par iOS 15.4 et leurs limites
| Tableau des améliorations de sécurité iOS 15.4 vs failles persistantes des AirTags |
|---|
| Message de mise en garde affiché lors de la configuration |
| Difficile à faire respecter, facilement contournable |
| Suppression des options de désactivation |
| Inefficace si l’appareil est partagé ou l’accès non sécurisé |
| Meilleure détection des accessoires inconnus |
| Ne fonctionne pas toujours en temps réel |
| Réduction du délai d’alerte sonore (<24h) |
| Le harcèlement peut se produire bien avant |
| Application Android « Tracker Detect » |
| Pas d’alerte automatique, dépend d’une action manuelle |
Des failles techniques et sociales préoccupantes
Une alerte trop lente à se déclencher
Même avec iOS 15.4, un AirTag peut rester silencieux pendant 8 à 24 heures avant de sonner. Or, dans ce laps de temps, une victime peut être suivie à son insu, son domicile localisé, sa routine cartographiée. J’ai pu échanger avec une jeune femme suivie durant trois jours, le temps que l’alerte soit déclenchée. Le traumatisme, lui, avait déjà eu lieu.
Contournement matériel simplifié
Il est possible de désactiver le haut-parleur de l’AirTag, rendant toute alerte sonore caduque. Cette manipulation physique, simple et documentée, transforme ce dispositif Apple en mouchard silencieux. Les protections logicielles de iOS 15.4 deviennent dès lors inutiles.
Exclusion des utilisateurs Android
L’application « Tracker Detect » d’Apple pour Android ne permet qu’une recherche manuelle des AirTags. Pas d’alerte automatique, pas de protection proactive. Les utilisateurs Android, représentant près de 75% du parc mondial selon Statista, restent sans défense.
Une réalité ignorée : l’escalade du harcèlement via AirTags
« Le harcèlement technologique est une violence silencieuse, difficile à prouver mais dévastatrice. »
Léa Bousquet, juriste en droit du numérique
Des témoignages glaçants
Aux États-Unis, plus de 150 plaintes recensées concernent le harcèlement via AirTag. Dans la moitié des cas, les victimes savaient exactement qui était à l’origine du traçage. Souvent un ex-conjoint, parfois un inconnu. Dans une plainte acceptée par un juge californien en mars 2024, les plaignants qualifient l’AirTag Apple de « nouvelle arme des harceleurs ».
Des procédures judiciaires en cours
Apple fait face à plusieurs actions en justice collectives. Les juges refusent désormais l’argument de l’entreprise selon lequel elle ne serait pas responsable de l’usage de ses produits. Selon le juge Vince Chhabria, les protections mises en place ne sont ni suffisantes ni proactives.
Lutter contre le harcèlement : des pistes concrètes
Intégrer la sécurité dès la conception
Le iOS 15.4 d’Apple démontre une amélioration, mais celle-ci reste cosmétique. Une véritable solution passerait par la mise en œuvre d’un design « sécurité par conception », avec une impossibilité matérielle de désactiver l’alerte sonore ou d’utiliser l’AirTag anonymement.
Favoriser les outils tiers plus performants
Des applications comme AirGuard, développées par des universités ou des chercheurs, montrent des résultats intéressants pour les utilisateurs Android. Ces outils devraient être soutenus officiellement par Apple ou les institutions gouvernementales. Lors d’un test, AirGuard m’a permis d’identifier un AirTag Apple caché dans mon sac lors d’un atelier de sensibilisation. L’application a émis une alerte bien avant celle d’iOS.
Exiger des normes internationales
Une harmonisation des règles, imposant des délais d’alerte réduits, des sons indésactivables et une traçabilité systématique du propriétaire de l’AirTag, doit être envisagée. Il ne s’agit plus d’options, mais de nécéssités pour la sécurité des personnes.
Et vous, avez-vous déjà été confronté à un AirTag Apple malveillant ? Partagez votre témoignage ou vos solutions en commentaire, cela pourrait aider d’autres à se protéger.