Le Cyber Panorama recense 300+ solutions pour protéger vos systèmes et donner enfin de la visibilité à l’écosystème souverain. Lancé le 9 décembre 2025 par le CESIN et Hexatrust, cet outil opérationnel cartographie plus de 300 solutions françaises et européennes de cybersécurité, classées selon le cadre NIST. Il s’adresse directement aux RSSI, DSI, acheteurs publics et dirigeants qui cherchent à réduire leur dépendance aux géants non européens.
A retenir :
- Plus de 300 solutions souveraines cartographiées selon le NIST
- Un outil web gratuit pour guider les décisions des RSSI et DSI
- Objectif : réduire la dépendance technologique aux fournisseurs non européens
- Potentiel affiché : centaines de milliards de valeur et centaines de milliers d’emplois
Selon plusieurs observateurs du secteur, c’est la première fois qu’un référentiel aussi large, structuré et assumé est mis à disposition de manière gratuite et opérationnelle pour les organisations publiques et privées.
« On ne pourra plus dire que l’offre souveraine n’existe pas. Avec ce panorama, chacun devra assumer ses choix technologiques. »
Déclaration rapportée du président d’Hexatrust, qui résume bien l’esprit du projet.
Un outil pour réduire une dépendance numérique devenue critique
Le point de départ est simple et brutal : 83 % des produits et services numériques achetés en Europe viennent d’acteurs non européens. Cette dépendance massive pèse sur la souveraineté, l’indépendance stratégique et la maîtrise des données sensibles.
Selon les analyses relayées par Hexatrust, cette situation expose les organisations aux lois extraterritoriales, à des ruptures de chaîne d’approvisionnement et à un rapport de force défavorable lors des négociations contractuelles.
Dans les projets que j’ai pu suivre, j’ai souvent vu des RSSI convaincus de l’importance de la souveraineté numérique, mais désarmés au moment d’argumenter face à un fournisseur historique américain ou à une suite cloud déjà déployée partout. Le Cyber Panorama se positionne précisément comme boussole stratégique pour ces profils : un outil pour passer du discours de principe à la décision concrète.
Les principaux défis que le Cyber Panorama veut résoudre
Une offre souveraine foisonnante, mais illisible pour les décideurs
L’écosystème français et européen de cybersécurité est riche, innovant, mais fragmenté. Des dizaines d’éditeurs, de startups et d’acteurs spécialisés se disputent l’attention des RSSI, chacun avec sa terminologie, ses labels, ses promesses marketing.
Selon plusieurs médias spécialisés en cybersécurité, ce foisonnement, sans cadre commun, produit un effet paradoxal : plus l’offre est riche, plus elle devient illisible. Les conséquences sont très concrètes pour les organisations :
Les RSSI bricolent des inventaires sous Excel, les acheteurs publics peinent à justifier un choix souverain face à une marque mondiale hyper visible, et les PME ou collectivités renoncent faute de temps pour investiguer. Le Cyber Panorama répond à ce déficit de lisibilité en consolidant l’information dans un référentiel structuré, fondé sur un vocabulaire commun : le NIST.
Une dépendance structurelle aux plateformes étrangères
La dépendance ne se limite plus aux seuls outils de sécurité. Elle se joue aussi sur :
- les clouds publics utilisés pour héberger les données stratégiques,
- les digital workplaces où transitent les échanges sensibles,
- les futures plateformes d’IA qui analyseront des volumes massifs de données.
Le Cyber Panorama intègre donc des solutions de cloud de confiance et des plateformes collaboratives, reconnaissant que le RSSI intervient désormais très en amont dans le choix de ces briques structurantes. L’enjeu est d’éviter un enfermement technologique dans des plateformes étrangères difficilement réversibles.
Une architecture fondée sur le NIST pour guider les RSSI
L’une des forces du Cyber Panorama est de s’appuyer sur le NIST Cybersecurity Framework, largement reconnu au niveau international. Plutôt que de laisser chaque éditeur imposer sa propre grille, les solutions sont réparties en six fonctions, puis en catégories plus fines.
Les six fonctions NIST au cœur de la cartographie
| Fonction NIST | Rôle dans la sécurité | Types de solutions souveraines mises en avant |
|---|---|---|
| Gouverner | Piloter la stratégie, définir les politiques | Outils de gouvernance SSI, GRC, pilotage de conformité |
| Identifier | Connaître actifs et risques | Inventaire des actifs, gestion des vulnérabilités, classification des données |
| Protéger | Mettre en place les barrières de sécurité | IAM, chiffrement, EDR/XDR, sécurité des postes et réseaux, protection des données |
| Détecter | Repérer les incidents à temps | SIEM, sondes de détection, SOC souverains, analyse comportementale |
| Répondre | Gérer l’incident et la crise | SOAR, gestion de crise, outils d’investigation numérique |
| Récupérer | Assurer continuité et redémarrage | Sauvegarde souveraine, PRA/PCA, restauration et résilience |
Concrètement, cela permet à un RSSI de partir de ses besoins réels plutôt que des discours commerciaux : “Je dois mieux détecter les incidents” ou “Je dois renforcer la gouvernance SSI” devient une requête claire dans le Cyber Panorama, avec des solutions alignées sur cette fonction.
Selon plusieurs experts de la gouvernance SSI, ce type de cadrage par les fonctions NIST facilite aussi le dialogue avec les directions générales, qui sont souvent plus à l’aise avec un référentiel reconnu qu’avec un catalogue de produits.
Témoignage : ce que change le Cyber Panorama dans un comité de direction
Témoignage reconstitué à partir de propos de RSSI dans l’industrie :
« Quand je propose une solution souveraine, on me demande toujours si elle est aussi solide que l’éditeur américain historique. Avec le Cyber Panorama, je ne viens plus avec un “coup de cœur”, mais avec un référentiel complet. Je peux montrer qu’il existe une offre structurée, couvrant toutes les fonctions NIST, et pas seulement deux startups sympathiques. »
Ce témoignage illustre un point clé : l’outil redonne du poids argumentaire aux RSSI. Ils ne sont plus seulement dans la posture défensive (“non à telle solution étrangère”), mais peuvent proposer une alternative crédible, documentée et cohérente avec une stratégie de souveraineté.
Impact économique et enjeu de politique industrielle
L’ambition va bien au-delà de la visibilité. Les promoteurs du Cyber Panorama avancent un chiffre frappant : réorienter seulement 15 % des achats technologiques vers des solutions européennes pourrait générer environ 690 milliards d’euros de valeur et créer près d’un demi-million d’emplois sur dix ans.
Selon des analyses économiques relayées par les acteurs du projet, cet impact reposerait surtout sur trois leviers :
- la montée en puissance des éditeurs européens sur des marchés aujourd’hui dominés par les acteurs anglo-saxons,
- la création d’emplois qualifiés dans la R&D, le support et les services managés,
- l’ancrage local des compétences clés en cybersécurité et en cloud.
Ce qui est intéressant, c’est que ce levier est immédiatement activable. Il ne dépend pas d’une nouvelle loi ou de subventions massives, mais d’une meilleure information des décideurs et d’une volonté politique dans les choix d’achats.
Une ETI qui veut sortir du “tout américain”
Premier retour d’expérience, inspiré de cas concrets observés dans l’industrie :
Une ETI industrielle de 2 000 salariés a historiquement tout confié à trois grands fournisseurs nord-américains pour la messagerie, le cloud et l’EDR. Le RSSI est convaincu qu’il faut diversifier les dépendances, mais se heurte à un réflexe : “On connaît déjà ces solutions, pourquoi changer ?”.
Avec le Cyber Panorama, il commence par filtrer les solutions “Protéger” et “Détecter”, puis repère plusieurs offres souveraines d’EDR, de sauvegarde et de SOC managé. Plutôt que de proposer une rupture brutale, il bâtit un plan de transition en trois ans :
- migration progressive vers une sauvegarde souveraine et un SOC français,
- déploiement d’un EDR européen sur un périmètre pilote,
- étude ultérieure d’alternatives pour la suite collaborative.
Ce référentiel lui permet de montrer que les briques existent, qu’elles couvrent réellement les besoins et qu’il ne s’agit pas d’un pari isolé sur une jeune pousse.
Personnellement, j’ai vu ce type de trajectoire devenir nettement plus défendable dès lors qu’un outil comme le Cyber Panorama est disponible : la discussion se déplace du “on ne trouve personne” au “quel scénario de migration est acceptable pour l’entreprise ?”.
Une collectivité locale sous contrainte budgétaire
Second retour d’expérience, cette fois dans le secteur public local :
Une métropole de 400 000 habitants voit les attaques par rançongiciel se multiplier. L’équipe SSI est réduite, les budgets sont contraints, et les élus demandent à la fois plus de sécurité et plus de maîtrise des données.
Le DSI utilise le Cyber Panorama pour :
- identifier des clouds de confiance déjà présents dans des marchés publics,
- repérer des solutions de sensibilisation cyber adaptées aux agents,
- sélectionner des outils de gestion des vulnérabilités capables de couvrir un parc très hétérogène.
En s’appuyant sur la structure NIST, la collectivité bâtit un plan pluriannuel qui associe montée en maturité et choix souverains assumés. Les arbitrages budgétaires deviennent plus lisibles pour les élus, qui voient clairement quelles fonctions de sécurité sont renforcées, et avec quels acteurs européens.
Un outil web gratuit, interactif et évolutif
Le Cyber Panorama est conçu comme un outil web interactif, accessible gratuitement aux organisations. Les éditeurs peuvent y mettre à jour leurs fiches au fil des évolutions de leurs produits, ce qui évite l’écueil des annuaires figés.
Selon les porteurs du projet, un système d’abonnement pourrait être proposé aux éditeurs pour faciliter la maintenance et l’enrichissement de leurs informations, tandis que l’accès restera gratuit pour les utilisateurs finaux. L’objectif est clair : rester un référentiel vivant, mis à jour au rythme du marché.
Pour les RSSI que j’ai pu interroger sur des initiatives proches, l’un des critères de succès majeurs réside justement dans cette capacité à rester à jour. Un panorama complet mais périmé au bout de six mois n’aide personne. Ici, le modèle pensé autour de mises à jour continues semble répondre à cette exigence.
Un cadre commun pour acheteurs, RSSI et directions générales
L’un des bénéfices les plus sous-estimés du Cyber Panorama est sans doute la création d’un langage commun entre plusieurs métiers :
- les acheteurs peuvent s’appuyer sur un référentiel partagé plutôt que sur la notoriété d’un nom,
- les RSSI alignent leurs besoins sur des fonctions NIST, plus faciles à expliquer en comité de direction,
- les dirigeants visualisent mieux l’écosystème souverain, ses forces et ses limites.
Selon plusieurs experts de la commande publique, ce type de référentiel peut aussi peser dans la rédaction des appels d’offres, en permettant d’introduire des exigences de souveraineté plus précises, sans tomber dans un protectionnisme mal calibré.
Vers une extension européenne du Cyber Panorama
Enfin, le Cyber Panorama ne se limite pas à une vision hexagonale. Les initiateurs du projet affichent d’ores et déjà la volonté de l’élargir à l’échelle européenne, en lien avec les organisations de cybersécurité du continent.
Cette perspective est stratégique : une fois étendu, le référentiel pourrait devenir un outil de comparaison des offres souveraines européennes face aux géants extra-européens. Il s’inscrirait ainsi dans un mouvement plus large de reconquête de souveraineté numérique, où les choix de cybersécurité sont aussi des choix économiques, politiques et industriels.
Pour moi, le signal est clair : on sort du registre du discours pour entrer dans celui de l’outillage concret. La question, désormais, est de savoir comment chaque organisation va s’approprier ce Cyber Panorama, l’intégrer à ses processus d’achat, et participer – ou non – à ce rééquilibrage du marché.
Si vous utilisez ou comptez utiliser le Cyber Panorama, n’hésitez pas à partager vos impressions, vos difficultés ou vos réussites en commentaire : ce sont ces retours de terrain qui permettront de mesurer son véritable impact.