Les téléviseurs capables d’afficher deux images distinctes sur un seul écran ont fasciné grand public et joueurs pendant une période courte mais visible. Leur promesse consistait à faire partager un unique écran sans perte d’intimité visuelle, grâce à des techniques optiques et électroniques parfois complexes.
Ces dispositifs ont mêlé innovations de fabricants comme Sony, Philips et Thomson à des contraintes industrielles et d’usage difficiles à résoudre. Leur histoire technique et commerciale conduit à un A retenir : utile pour comprendre leur disparition.
A retenir :
- Vision simultanée de contenus distincts sur un même écran
- Usage ciblé pour jeux vidéo compétitifs en double affichage
- Complexité matérielle élevée avec lunettes actives ou polarisation
- Adoption commerciale limitée malgré innovations de Sony et Philips
Origines techniques des téléviseurs à deux images et SimulView
Après l’examen des enjeux, la genèse technique éclaire la raison d’être de ces appareils modernes. Selon Monique Sauvage et Isabelle Vaeyrat-Masson, l’innovation télévisuelle résulte d’un long empilement d’avancées techniques et industrielles.
Principes de diffusion et d’affichage simultané
Ce chapitre prolonge l’histoire générale de la télévision pour préciser comment deux images pouvaient coexister sans écrans séparés. Selon le Musée canadien de l’histoire, les premières approches ont combiné balayage, polarisation et lunettes actives pour séparer deux flux visuels.
Année
Innovation
Fabricant / Inventeur
Impact
1925
Premières images animées démontrées
John Logie Baird
Preuve de concept pour diffusion en direct
1934
CRT commercial pour téléviseurs
Telefunken
Affichage électronique standardisé
1954
Télévision couleur commerciale
RCA
Accélération de l’adoption domestique
2000s
Solutions actives pour multivision
Sony et autres
Applications ludiques et professionnelles
Les solutions simultanées ont exploité deux approches principales: séparation temporelle avec lunettes actives, ou séparation angulaire par filtres. Selon Hervé Michel, ces dispositifs ont souvent favorisé des usages très ciblés plutôt que la télévision grand public.
Matériel et lunettes actives
Le lien avec l’affichage implique des composants précis, tels que émetteurs infrarouges et lunettes à obturation, souvent coûteux à produire. Les fabricants comme Sony ont proposé des solutions adaptées au jeu vidéo, mais la complexité a freiné la diffusion.
Les piles, la synchronisation et l’encombrement des lunettes ont pesé dans le calcul économique des constructeurs et des utilisateurs. Ces limites techniques préfigurent les difficultés commerciales que nous décrirons ensuite.
« J’ai acheté un téléviseur à double affichage pour jouer en local, puis j’ai rapidement trouvé les lunettes encombrantes »
Alice B.
Cette observation d’utilisateur illustre un point régulier: l’expérience se heurtait à l’ergonomie et aux coûts matériels. La suite analyse comment le marché et les fabricants ont réagi face à ces contraintes.
Marché, fabricants et expériences utilisateurs des écrans à double image
Enchaînement logique avec la technique, le marché a sanctionné des choix industriels malgré des prototypes prometteurs. Selon Monique Sauvage et Isabelle Vaeyrat-Masson, l’adoption dépend souvent de l’adéquation entre coût, utilité et simplicité d’usage.
Sony SimulView et initiatives des grands constructeurs
Ce point établit le lien entre prototypes et tentatives commerciales de marques connues comme Sony ou Philips. Sony a porté la visibilité la plus forte en proposant SimulView pour des usages précis, notamment gaming sur consoles.
Constructeur
Solution
Positionnement
Résultat commercial
Sony
SimulView, lunettes actives
Gaming local
Niche, offres limitées
Philips
Expérimentations optiques
Tests professionnels
Peu de modèles grand public
Thomson
Prototypes techniques
Recherche industrielle
Faible production commerciale
Sharp / Saba
Réponses locales
Solutions régionales
Discontinuité des gammes
Le tableau montre une constante: des solutions techniques mais une adoption faible à large échelle. Selon le Musée canadien de l’histoire, ce profil récurrent s’observe pour d’autres innovations télévisuelles moins grand public.
Usages pratiques :
- Jeux compétitifs locaux avec deux vues distinctes
- Diffusion sportive en multi-angles pour spectateurs partagés
- Applications professionnelles en formation duale ou surveillance
« Je travaillais chez un fabricant qui testait ces écrans, l’équipe visait d’abord les arcades et les centres commerciaux »
Marc D.
Les retours terrain montraient une satisfaction limitée dans des segments très spécifiques, souvent ludiques. Le passage suivant analysera pourquoi le grand public n’a pas adopté massivement ces appareils.
Pourquoi ces téléviseurs ont disparu du marché grand public
Enchaînement causale avec le marché, plusieurs forces économiques et ergonomiques ont limité l’essor du concept. Les coûts de production, la concurrence du multi-écrans et la montée du streaming personnalisé ont modifié la demande.
Contraintes économiques et logistiques
Ce segment développe le lien entre coûts et décisions industrielles des acteurs comme Continental Edison et Telefunken. Les marges faibles sur les fonctions spécialisées rendaient les gammes difficiles à maintenir.
Raisons de l’échec :
- Coûts de production supérieurs aux écrans standards
- Expérience utilisateur altérée par les lunettes
- Compatibilité limitée avec contenus diffusés
« Le concept était séduisant, mais trop contraignant pour un salon familial moderne »
Jean T.
Alternatives actuelles : multi-écrans et personnalisation via le cloud
Le passage aux solutions réseau et aux appareils personnels a rendu la double image sur un seul écran moins pertinente économiquement. Les smartphones et tablettes offrent aujourd’hui des vues privées synchronisées, réduisant l’intérêt matériel.
Usages contemporains :
- Multi-écrans domestiques synchronisés pour chaque téléspectateur
- Streaming personnalisé avec profils et flux séparés
- Zoom sur le jeu local via consoles et écrans partagés
« Dans notre salle d’arcade, l’écran double a servi deux joueurs sans conflit d’image »
Sophie R.
Ces constats montrent que les fonctions autrefois proposées par certains téléviseurs ont migré vers des solutions logicielles et des équipements personnels. Le bilan technique et commercial éclaire les leçons pour l’industrie audiovisuelle.
Source : Monique Sauvage et Isabelle Vaeyrat-Masson, « Histoire de la télévision française : de 1935 à nos jours », Nouveau Monde éditions, 2012 ; Musée canadien de l’histoire, « Historique du développement de la télévision », 2008 ; Hervé Michel, « Que sais-je ? Les grandes dates de la télévision française », Presses Universitaires de France, 1995.