Samsung saute dans le train du droit à la réparation

By Flavien ROUX

Le géant sud-coréen Samsung multiplie les annonces autour du droit à la réparation, un sujet brûlant dans l’univers high-tech. Entre ambitions affichées et pratiques décriées, les consommateurs peinent à s’y retrouver.

Retour sur un parcours en dents de scie et les enjeux réels derrière cette stratégie.

À retenir :

  • Samsung a lancé des initiatives pro-réparation comme Galaxy Upcycling, mais les a vite abandonnées.
  • La collaboration entre Samsung et iFixit a échoué à cause de restrictions trop strictes.
  • Les consommateurs restent limités par des conditions opaques malgré les annonces de soutien au droit à la réparation.

Galaxy Upcycling et premières promesses non tenues

« Innover pour réparer, c’est aussi réparer notre modèle économique. »

Alain Forestier, analyste en développement durable

Dès 2017, Samsung paraissait enthousiaste à l’idée d’embrasser le droit à la réparation, notamment avec le programme Galaxy Upcycling. Cette initiative, saluée par la presse spécialisée, permettait de transformer de vieux smartphones en objets utiles comme des caméras de sécurité ou mini-ordinateurs.

Mais très vite, le projet a été mis de côté. Selon plusieurs sources, l’arrêt brutal s’expliquerait par le manque de rentabilité du programme. L’ouverture du bootloader, qui aurait pu représenter un tournant vers un écosystème plus ouvert, a été refermée presque aussitôt.

Cette première désillusion a laissé un goût amer chez les réparateurs indépendants et a distendu les liens avec iFixit, pourtant allié initial.

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Rupture avec iFixit : quand les promesses s’évaporent

« Promettre la réparation et ne pas la garantir, c’est comme vendre une clé sans serrure. »

Clémence Giraud, juriste numérique.

En 2022, Samsung annonçait fièrement un partenariat avec iFixit, acteur reconnu de la réparation électronique. L’objectif affiché : faciliter l’accès aux pièces détachées et aux guides pour les réparations de smartphones Galaxy.

Mais deux ans plus tard, iFixit a mis fin à la collaboration. En cause :

  • des pièces détachées vendues à prix excessifs ;
  • des quantités limitées ;
  • des appareils conçus pour dissuader la réparation (par exemple, batterie soudée à l’écran).

Tableau des obstacles rencontrés par iFixit dans sa collaboration avec Samsung

Problèmes rencontrésConséquences pour les réparateursRépercussions sur les consommateurs
Prix des pièces très élevésMarges faibles, réparations trop chèresRefus ou abandon de la réparation
Quantité limitée de composantsPénurie sur le marché secondaireDélais allongés
Conception peu modulaireDémontage complexe, risque de casseRéparations plus coûteuses
Clauses restrictivesSurveillance des réparations, données exigéesAtteinte à la vie privée

Réparabilité limitée : des conditions strictes qui découragent

« Quand réparer devient plus difficile qu’acheter, c’est que le système est cassé. »

François Gendrot, ingénieur en électronique

Samsung impose aujourd’hui des règles controversées à ses réparateurs partenaires. Parmi celles qui font débat :

  • L’obligation de détruire les pièces non achetées auprès de Samsung ;
  • La remontée quotidienne d’informations sur les réparations effectuées.

Ces pratiques soulèvent de vraies questions éthiques, notamment sur la confidentialité des clients et le respect du libre choix du réparateur. De nombreux professionnels estiment que Samsung conserve un modèle fermé, malgré ses déclarations d’ouverture.

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Les consommateurs face à un faux choix

« Une vraie politique de réparation commence par la confiance et la transparence. »

Nora Vidal, consultante en innovation responsable

Le principal impact de cette stratégie ambivalente de Samsung sur le droit à la réparation, c’est la désillusion des consommateurs. Alors que la demande pour des produits durables explose, beaucoup espèrent pouvoir réparer eux-mêmes leurs appareils ou choisir librement un réparateur.

Mais la réalité reste décevante :

  • L’accès aux pièces officielles est limité ;
  • Les prix de réparation explosent ;
  • Les outils de diagnostic restent sous contrôle de la marque.

Et pendant ce temps, les concurrents comme Fairphone ou Apple (avec ses programmes plus récents) font évoluer leurs pratiques, parfois sous la pression législative européenne.

Et vous, avez-vous tenté de réparer un appareil Samsung récemment ? Racontez-nous vos expériences et votre avis en commentaire !

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