UltraEdge incarne une nouvelle manière — très française — d’aborder l’edge computing : partir d’un patrimoine national de Netcenters pour construire, palier par palier, un réseau de proximité qui rapproche calcul et stockage des usagers finaux. Voici, de façon claire et sourcée, comment cette stratégie s’articule du Netcenter central… jusqu’au micro-site.
Origines et positionnement : d’un actif SFR à un champion de l’edge
Fin 2023, Altice France officialise la création d’Ultra Edge avec Morgan Stanley Infrastructure Partners (MSIP). La transaction valorise la nouvelle entité 764 M€ et lui transfère un portefeuille de 257 sites répartis partout en France, pour plus de 45 MW de capacité et environ 33 000 m² d’espaces, interconnectés au réseau fibre national de SFR. UltraEdge est conçue comme un opérateur distribué et indépendant de colocation sur tout le territoire.
En 2024, l’opération se finalise : Altice conserve 30 % du capital, MSIP en détient 70 %, et UltraEdge se met en ordre de marche commerciale comme fournisseur indépendant de colocation edge.
Une architecture hiérarchique… pensée pour la proximité
Les « IX data centers » : l’épine dorsale
Le réseau UltraEdge s’organise autour de 7 Netcenters hyperconnectés (véritables « carrier-hotels ») situés à Courbevoie (Paris), Vénissieux (Lyon), Bordeaux, Strasbourg, Lille et Rennes. Ils concentrent la connectivité (jusqu’à ~50 opérateurs par site) et irriguent les étages inférieurs du réseau.
Les Netcenters de proximité & POP/ILA : le maillage fin
En-dessous, UltraEdge annonce plus de 250 sites au total : 84 Edge data centers et 160+ POP / sites de régénération (ILA), pour amener la capacité au plus près des bassins d’usages et réduire drastiquement la latence. Tous les sites sont 100 % carrier-neutral.
À retenir : l’étagement « Netcenters ➝ data centers de proximité ➝ POP/ILA » permet de placer la puissance de calcul là où elle crée le plus de valeur (villes, zones d’activités, sites industriels), tout en gardant l’ancrage national et la redondance des grands nœuds.
De l’edge au micro-site : la dernière marche
Au-delà des sites de proximité, la logique d’ultra-proximité s’appuie sur des micro data centers : armoires/baies autonomes ou modules en conteneur intégrant puissance, refroidissement et supervision. Ces micro-sites s’installent au plus près de la donnée (usine, magasin, campus, carrefour réseau) pour des traitements temps réel. C’est un standard de l’edge chez les équipementiers (Schneider Electric, HPE) qui complète le maillage opérateur.
Concrètement, ces micro-sites servent d’« accélérateurs locaux » : ils déchargent les Netcenters régionaux sur des charges très sensibles à la latence (vision IA, robotique, streaming temps réel, etc.).
Une exécution en trois temps (notre lecture)
- Consolidation de l’existant (2023–2024). Constitution d’UltraEdge autour des 257 sites hérités de SFR et mise à niveau de l’infrastructure.
- Ouverture commerciale & partenariats (2024). UltraEdge se positionne comme plate-forme de colocation edge neutre et annonce une alliance clé avec Gcore (nov. 2024) pour déployer des services cloud/IA au plus près des utilisateurs en s’appuyant sur le réseau UltraEdge.
- Accélération « telco-edge » (2025). Au MWC 2025, UltraEdge communique sur l’optimisation continue de ses sites et l’accélération de la 5G Standalone (SA) dans son réseau, SFR étant premier client de la plate-forme.
Cas d’usage phares
- 5G SA & slicing : héberger des fonctions réseau cloud-native (core/UPF) au plus près du trafic pour baisser la latence et améliorer la résilience. UltraEdge et SFR citent explicitement l’accélération de la 5G Standalone en 2025.
- IA & IoT temps réel : analyse vidéo, maintenance prédictive, AR/VR industrielle ; ces workloads gagnent à être traités localement pour éviter les allers-retours vers des clouds lointains. (Définition et bénéfices reconnus par les acteurs du marché.)
- Colocation neutre : environnements carrier-neutral ouverts aux opérateurs, entreprises et intégrateurs — un levier pour les écosystèmes régionaux (interopérabilité, multi-opérateurs, peering local).
Souveraineté & impact territorial
- Ancrage local, hébergement en France : UltraEdge opère un réseau français de sites, ce qui facilite la maîtrise des localisations de données (enjeux RGPD / contrats) et l’irrigation numérique des territoires.
- Effets économiques : un maillage national favorise l’émergence d’écosystèmes régionaux (hébergement de proximité, interconnexions locales, compétences). Les Netcenters agissent comme hubs d’interconnexions et d’attraction partenaires.
Pourquoi maintenant ? Les moteurs qui rendent l’UltraEdge incontournable
· Explosion des usages temps réel : IA embarquée, vision industrielle, AR/VR et véhicules connectés exigent un traitement local pour réduire la latence et la gigue, tout en allégeant le backhaul.
· 5G Standalone & slicing : la 5G SA déploie des fonctions cloud-native (UPF, core) au plus près du trafic. L’edge d’UltraEdge accélère ces déploiements et ouvre la voie aux SLA différenciés.
· Souveraineté & conformité : localisation des données, contrôle contractuel et conformité RGPD renforcés par un maillage d’infrastructures en France.
· Sobriété & coûts : un PUE < 1,15 et le pré-traitement local diminuent l’empreinte énergétique et les coûts de transport de données longue distance.
· Écosystèmes régionaux : proximité des ressources numériques = création de valeur locale pour les PMEs, les industriels et les collectivités.
Le chemin de la donnée : du micro-site au cloud (et retour)
1. Micro-site (micro Netcenter en armoire/conteneur) : filtrage/inférence IA au pied de la machine, du magasin ou du carrefour réseau ; décision en millisecondes.
2. Site edge de proximité : agrégation, stockage court terme, sécurisation et interconnexion locale (peering, opérateurs). Idéal pour analytics à chaud et services à latence faible.
3. NetCenter régional : concentration de connectivité, reprise de charge, services mutualisés (sécurité, sauvegarde, orchestration) et routage vers d’autres régions.
4. Cloud central / DC cœur : consolidation, data lake/warehouse, entraînement IA, archivage et workloads non sensibles à la latence.
Cette hiérarchie permet d’aligner chaque workload avec le bon niveau d’infrastructure : le « temps réel » en micro-site/edge, le « temps profond » et le batch au central — tout en gardant la possibilité de reroutage automatique et de disponibilité > 99,995 %.
Modèle opérateur & partenariats : neutralité, 5G SA et cloud IA
· Colocation neutre : UltraEdge opère en carrier-neutral ; entreprises, intégrateurs et opérateurs y installent leurs infrastructures sans concurrence de l’hébergeur, favorisant l’interopérabilité et des offres multi-opérateurs.
· Accélération 5G SA : ancrage télécom (héritage SFR) + edge distribué = déploiement plus rapide des fonctions 5G SA et de cas d’usage à faible latence (industrie 4.0, smart city, retail).
· Alliances cloud/IA : le partenariat UltraEdge × Gcore (fin 2024) rapproche les services IA/edge des utilisateurs, avec un maillage national comme socle.
· Indicateurs à suivre (KPI) : latence end-to-end, taux d’occupation (m²/MW), densité kW/rack, PUE (<1,15), disponibilité (>99,995 %), part de données traitées localement vs centralisées, et temps de mise en service par site.
En un coup d’œil
- Périmètre initial : 257 sites, 45 MW, 33 000 m² (héritage SFR) → operator edge indépendant.
- Topologie : 7 Netcenters (Aubervilliers – Bordeaux – Courbevoie – Lille – Lyon – Rennes et Strasbourg) → 84 DC de proximité → 160+ POP/ILA → micro-sites au besoin.
- Go-to-market : colocation neutre, partenariats (ex. Gcore, 11/2024) et accélération 5G SA (MWC 2025).